Je n’ai plus d’idées neuves mais des mots désœuvrés

         Qui cherchent l’occasion de  pouvoir manœuvrer.

         Des mots que bien souvent je dois tenir en laisse,

         Avant qu’ils ne dérapent en rires ou maladresses.

         Des mots dont mon moral se sert comme  prothèses,

         Quand ils sont galéjades ou bien simples fadaises.

         Des mots qui peuvent être morsures ou  baisers

         Selon qu’ils sont cyclones ou simples alizés.

         Et tels de grands  leviers pouvant bouger des mondes,                       

         Sachant manipuler le sublime et l’immonde ;

         Ils peuvent devenir  des princes ou des ordures

         Allant  de  l’alibi  à la caricature.

Quelquefois simplement sortis de leur contexte,

Ils deviennent  motifs,  raisons, ou bien prétextes.

         Et certains parmi eux  faits de bric et de broc

         Nés souvent dans la rue ou bien de quelque troc 

         Même si trop vulgaires, même si trop  violents,

         Vont à l’académie recevoir l’agrément ;

         Et puis, si très patient, tu as lu jusqu’ici,

         Je t’en citerai deux  qui me portent  soucis ;

         Car ils sont les outils de tout  gouvernement,

         L’un s’appelle l’intox l’autre le boniment.

                               Roger Peytavin