FEUILLE D’AUTOMNE
Telle une ballerine devenue indocile,
Qui danse tout à coup sans musique et sans art ;
J’ai vu chuter la feuille, certes restée gracile
Mais livrée tout à coup au seul fait du hasard.
Elle s’est balancée un instant hésitante ,
Sans doute étonnée de son nouvel état ;
Et elle a décidé d’une chute élégante
Comme si retenue par un aérostat.
Alors en affectant un style désinvolte,
Dans des frémissements frisant la pâmoison,
Elle s’est essayée à quelques virevoltes
Avant de se trouver au bas des frondaisons.
Sur le sol, s’est posée si délicatement
Que sa robe dorée parée de bout en bout,
Ne s’est pas détrempée sur le sol ruisselant,
Qui à cet endroit là était couvert de boue.
Et elle est restée là ; car rien n’était fini,
Sa chute ce n’était qu’un moment provisoire ;
Elle allait maintenant connaître l’infini,
Et puis bien d’autres chutes encore dérisoires.
Son sort je le connais , elle sera poussière,
Un vent l’emportera un jour à travers ciel,
Nous la respirerons un jour dans l’atmosphère,
Hôte microscopique d’un rayon de soleil.
ROGER P