Je l’attendais impatiemment ce jour, ou enfin retraité, libéré des contraintes du travail, je pourrais mettre à profit cet espace de liberté, pour couler à ma guise, des jours heureux.
Hélas je me suis vite aperçu que gérer tout ce temps, qui tout à coup vous tombe sur la tête, ce n’est pas si facile, c’est un peu comme si j’avais gagné le gros lot et que je ne sache pas comment utiliser ma fortune. Le temps, quand il passe faut le consommer, et tant pis si à cet instant nous ne savons qu’en faire, ce gaspillage me culpabilise.
C’est certainement dû à mon éducation, conditionné dès mon jeune âge a faire, et a bien faire, j’ai passé mon existence à faire. Quand arrive le temps de la retraite le comble, c’est de s’entendre dire, « profites, tu n’as rien d’autre à faire » mais voilà, à n’avoir vécu que pour faire, comment profiter sans rien faire.
Pour m’aider à résoudre ce manque, certains me disent « parts à l’aventure, » mais, à mon âge ce ne serait plus de l’aventure, et cela me ressemble si peu, qu’un avis de recherche, serait rapidement lancé à mes trousses. D’autres me proposent une série d’activités, mais encore là, il est question de faire. Non merci, je ne veux plus entendre parler de faire, et je ne me résigne plus à croire que nous n’avons pas d’autres aptitudes qui nous permettent de savourer l’existence, sans être pour cela obligés de faire, non, ce que je veux à présent, c’est vivre, pour le seul plaisir d’exister.
Je me souviens que Descartes s’est rendu célèbre en affirmant « je pense donc je suis » en y réfléchissant, et sans vouloir le désavouer je peux bien moi aussi affirmer « j’existe et donc je pense » . Penser ! voilà, j’ai trouvé l’activité qui correspond parfaitement à mon souhait, ce n’est pas contraignant, totalement écologique et sans risque d’agrandir le trou de la couche d’ozone, mais j’y pense à cet instant, c’est peut être par ce trou qu’arrivent nos pensées, qui sait !
Les raisons de penser ne manquent pas, mais faut savoir faire le tri, certaines ne sont que des leurres destinées a nous faire rêver. C’est à cela qu’il faut penser en priorité.
Actuellement je cogite sur une affirmation de Socrate, « La seule chose que je sais c’est que je ne sais rien », affirme t’il, persuadé que je ne sais pas grand chose, j’ai bien peur d’arriver à la même conclusion que lui, ce qui me gène c’est de partir sans rien savoir, mais à cela aussi faudra que j’y pense.
En conclusion. Si passant dans mon quartier, vous me voyez allongé sur un transat à l’ombre d’un parasol, ne dites pas que je ne fais rien, je pense.
Raymond -->